lundi 1 août 2011

Coconut milkshake by Magali Hughes


800 litres d’eau douces dans nos réservoirs, 450 litres de diesels dont 250 litres stocké sous forme de jerricanes éparpillés dans tout le bateau, 20 litres de lait entiers car les anglais savourent leur earl grey avec du lait ; 40 œufs frais de la fermière ; 5 kg de farine vendue dans la maison même du pain, 15 bars de chocolats au lait pour les petits creux du soir, 2 ananas bien verts, 25 tortillas pour remplacer le pain en cas de mauvais temps, 5 boites de lait de coco pour épater nos curry de poisson le soir et 20 Gb de musique échangée aux Galápagos pour renouveler nos playlists d’itunes : on était prêt pour faire notre plus grande traversée. Galápagos – Marquises,  16 fois l’allée retour Antibes to Calvi, dépassant la longueur de l’océan Atlantique, 3000 miles à parcourir tout simplement ! let’s go sailing again.
On quitta la baie de san Christobal, aux Galápagos, le vendredi 29 avril à 7h15, soulagé d’avoir oter notre ancre du mouillage, sans faire de bisous à aucun voilier. En effet,  les quatres personnages de Trifon, postés à des positions stratégiques pour assurer la bonne manœuvre, ne disposant plus de manette de moteur, ma mère avait les mains plongées dedans, actionnant manuellement les vitesses quand mon père à la barre suivait les indications de George sur le nombre de metres restant encore sous le bateau, me donne le signal de transmettre le message à l’interieur du bateau «  c’est bon, enclenche la marche avant ». Une bonne brise agréable nous porta sur un long bord de travers, il fallait longer l’ile Santa Isabella, prenant soin de la laisser au sud, grande voile déployée et génois ravit de servir de nouveaux, après deux semaines de repos aux Galápagos. N’ayant pas le temps de s’ennuyer, le lendemain matin, une heureuse rencontre avec une barque de pécheur, se lançant à notre poursuite sans comprendre pourquoi. On imaginait déjà, le scénario d’une attaque de pirate au petit matin, quand on aperçut leur couteau coupant leur ligne .
 Histoire singuliere, Trifon avait traversé leur ligne de pèches laissées n’importe ou, protestant de notre responsabilité en avançant au moteur ( on était sous voile), mon père du arrêter le bateau, enfiller l’équipement de plongée pour se débarasser de toutes ses cocheneries, confortablement installées dans notre quille. On gagna 100 metres de fils de péche, très épaix et un hameçon effroyablement gros.
La grande difference avec l’océan atlantique, n’est point la couleur de l’eau mais les invités clandestins, ponctuels chaque soir, pendant nos quarts. Vous avez peut être deviné, on est attaqué en pleine nuit, par des calamares volants,s échouant malencontreusement sur notre deck. Après une rapide hémorragie cérébrale, ils se déshydratent dans une puanteur répugnante, la bonne odeur de réveil le matin. On a très prit le réflexe de fermer tous les hublots du bateau. On croise toujours ses nuages de poissons volants, se déplaçant en groupe par centaines, mais plus malins que leur cousins d’atlantique, très peu percutent Trifon. Une affaire suspecte, comment Newton et sa théorie de la gravité puisse permettre à de si gros poissons l’autorisation de voler ? question rhétorique qui nous fait sourire, on trouvera le secret. Je termine par la plus insolite de nos rencontres, avant de perdre de vu les Galápagos, un après midi, mon père nous sort de nos livres, dirigeant notre regard à 9h coté babord, une raie mantas, faisant bronzette, les ailes hors de l’eau, nullement dérangée par notre présence.
Le rythme de la nuit, dormir 3h pour être éveiller 3h et se rendormir illico presto avant d’enchainer un nouveau quart, prend du temps. Du  mode zombie, déphasé, léthargique dans la journée, on dévient subitement éveillé à la nuit tombé. Si les conditions sont idéales, on se risque à sortir un ordinateur pour regarder des séries anglaises avec George, les ipods deviennent nos plus fidèles amis, défiant les effets de la caféine, on oublie notre fatigue en se laissant bercer par les Rolling Stones. Découverte d’un programme d’ordinateur fabuleux, Stélarium, à télécharger absolument, gratuit et simple d’utilisation, vous inscrivez votre position ( longitude et latitude), laissant apparaitre une carte du ciel étoilé avec possibilité de visualiser les constellations, les tracés et les dessins à l’origine des histoires grecques. On est donc partir à la poursuite des constellations, fier de nous, en trouvant chaque soir, de nouvelles associations d’étoiles. Faisant cap à la West, Cap 255 °, on pu développer la partie SUD et EST mais le Nord et Ouest étaient souvent bloqués par nos voiles. Pour tout retenir, et les retrouver parmi cette infinité de points étincelants, on avait gribouillé sur le log book, les schémas des constellations. En quelques jours, on avait tout mémorisé, les devinant même si des nuages s’étaient infiltrés. Le radar, nous informait en couleur des futures squalls, capricieux de se déverser sous nous. Vous vous sentez tellement chanceux quand les 3 h passent sans qu’aucune  goute d’eau soit venue vous avertir de la douche inévitable.
Le manque de confort est une des parties majeure à prendre en considération lors d’une traversée de 21 jours. Bonne nouvelle, on s’habitue très vite, aux douches ne dépassant pas les 5 litres d’eau par jours, consommation habituelle pour se laver les dents d’un européen, adorant se regarder dans le miroir le matin. La gite s’est installée dans notre quotidien. Prendre une douche met à l’épreuve votre détermination et votre sens de l’anticipation ; devant contrôler votre flexion du jambier antérieur droit avant que  la vague se brise sur la coque du bateau. Sortir de la salle de bain, sans le moindre bleu peut être récompensé d’une médaille olympique ! je reve d’une belle baignoire, assez grande pour me glisser entièrement dedans et rester des heures dans cette eau savonneuse sans penser aux litres consommés : ce sera l’extase du confort absolue après un an de vie sur un voilier de 16 metres. On a bien évidement adapté nos repas aux conditions de l’océan, l’envie d’un plat de lasagne fait maison se range dans le placard de l’utopie. Les conserves préparées en aout dernier, avant le départ, accompagnés des légumes en boites restent rois. Sinon, c’est tortillas avec jambon ou patés par jour de chance, avec des fruits aux sirops ( le ravitaillement aux Galápagos fut très maigre). La grande innovation fur notre investissement dans la fabrication du pain. En Espagne on s’était contenté d’acheter tout simplement le pain pré cuit, n’ayant besoin que 5 min au four, tenant 5 mois dans nos placards. On suivit la recette du pain à l’ancienne sur le dos des paquets de levures Boulangers, il faut prévoir la matinée, entre pétrissage, étirage, aérage, puis laisser reposer dans un saladier 2 h, et recommencer votre gymnastique des mains. Lui donner la forme souhaitée et le placer dans un moule, attendant une heure encore avant de dorer au four. Le secret d’un pain bien lever : la responsabilité attribuée au torchon. En effet, ne pas essayer d’entrevoir en cour de levage, l’état du pain, tout le CO2 s’échappera et le travail des levures s arrêtera ! Le résultat est délicieux, encouragé par la faim, on devient très facile à convaincre.
Deuxième semaine du pacifique : pauvre petite main !
Une journée qui commença dés plus paisiblement et agréablement possible, assister à un magnifique levé du soleil, vous redonnant le sourire après 4 h de quarts, à vous faire bailler et bailler. Le pouvoir magique de la lumière solaire, elle efface ce sentiment de fatigue, ce désir inépuisable de dormir pour vous convaincre que vous êtes finalement en pleine forme. Je mets la bouilloire en route, note le point sur notre log book et vers 8h, après un réveil en douceur, on décide d’ envoyer le spi, vu que la petite brise semblait raisonnable pour avancer sous cette jolie voile blanche. Pas la peine de réveiller george qui adore prendre son breakfast aux alentour de midi ! la chaussette glisse le long du mat, aidé par son amie la drisse, la levant comme une plume, démoulage comme des chefs, la bulle se gonfle et mon père revient prendre la barre. Positionnée à l’écoute de spi, régulant selon les risées, on aperçoit que celle-ci a décidé de jouer à méli mélo autour du winch. Trop de pression, il ne reste qu’une solution pour choquer le spi, enlever l’écoute du winch, rapidement, très rapidement, réduisant au minimum le power , pouvant l’enrouler proprement autour du winch par la suite. Chanceuse, je suis les conseils de mon père, surtout ne pas se faire surprendre, et protéger ses pieds et doigts de l’écoute diabolique. Je commence à choquer et le temps d’une respiration, pas assez pour réaliser que je suis entrain de retenir cette corde aux couleurs de Monaco, rouge et blanc, me glisse entre ma main, me brule, horriblement, entend mon père crier, Magali lâche l’écoute mais c’était trop tard. La douleur attendra, je réattache proprement autour du winch, trop faible pour supporter la force que lui impose le spi, je suis soulagée qu’il ne se soit pas enroulé autour du gène, risquant le déchirement. Je sens des larmes couler, la douleur m’envahit progressivement d’une chaleur intense sur mes doigts : j aurai du utiliser des gants et oublier ce maudit réflexe de retenir une écoute plus forte que moi. 2 h plus tard, les cloques apparaissent comme du pop corn dans une casserole, 10 bulles, remplies d’un liquide jaune, n attendant que l’occasion pour s’infecter ! Quelle poisse, je ne peux plus rien faire, no more cooking, washing. J ai du noter les positions du radio net afin de ne pas admettre que j avais mal et faire comme si de rien n’était. Mon père était si fâché de mon erreur, à vous culpabiliser d avoir mal, c’est une autre façon de faire passer la douleur du coté psychologique. Enduire ma pauvre main de biffiane et ne laisser aucun microbe rentrer, va être la priorité de ces derniers jours en mer.
Samedi 14 mai : Dormir toute une nuit, un vague souvenir des temps passés, oui oui, j ai eu la chance, l honneur même d’une princesse de dormir 8 h d affilés, véritable luxe en traversé. Je dois cela,  à mon chevalier servant, le zertec faisant dormir même les cas les plus hyperactifs de notre espèce. Inutile d espérer me réveiller après la prise de cette anti histamine  pour contrer une future nasty infection. Ce matin, ils ont remis le spy, George a eu plus de mal à le tenir sous la barre. Des plis d’incertitudes et d’extrêmes concentrations apparurent sur son visage, devenu aussi jouflu que le bébé cadum!  Notre enrouleur de génoa est toujours en vacance et le restera pour longtemps avant de trouver la fameuse piece, mais c’est d’une importance mineure car on dispose du foc et si le vent se fait désirer on met le moteur ! On a finit ma brioche avec du nutella, comme j aime ces petits dejeuner aux douces saveurs de nos traditions culinaires françaises.
La lune est apparue depuis quelques nuits, s introduisant timidement, elle a profité d’une courte déconcentration des étoiles, pour les doubler, imposant sa loi : on ne distingue plus les timides étoiles ! la mer s’était mise d accord pour nous dévoiler son ami le plancton fluoresçant, mais cette dernière appariation lunaire , a quelques peut bouleverser les alliances, nous laissant dans le vague, il n’y avait plus qu’à imaginer. Cette petite chipie importune nos habitudes stellaires. L’horizon est devenu plat, pas de lumière aux alentours, on est seul et en sécurité ! Découverte du premier album des black eyes peas ‘elephunk’ absolument génial, de la vrai musique, travaillée sans se cacher comme la nouvelle mode, sous des dizaines de sons électroniques, offrant à nos oreilles du bruits rythmé,  plaçant en sourdine le talant des vrais musiciens ! c’est toujours avec une certaine joie qu’on découvre, par hasard, la chanson caché, après la dernière de l’album. Amis lecteurs, je vous souhaite une bonne nuit, mes doigts devant supporter des locataires envahissant ; les cloques commencent à fatiguer, je vais prendre plaisir à sortir des rêves George et ma mère, la seconde équipe de nuit de trifon, encore envelopper de sommeil, nécessitant d’urgence une bonne tasse de café à 1h du matin.
Where is the wind ? let’s cook !
7h10; la SSB enveloppe le bateau d’une ambiance de Stars Wars, entre bataille inter galactique, et communication codées entre robots ou si vous préférez, un délire musical des pink floyd, retraçant leur album ‘Dark side of the moon’ : c’est un réveil des plus intéressant et insolite qu’on peut choisir ! c’est l heure du rendez-vous, the ‘radio net’ entre Galápagos marquises, comprenant une 20 eme de bateaux, séparés par 3000 miles entre deux bouts de terres Echange de météo, vérification qu’il n’y a aucune urgence médicale, gossip de la vie à bord, la pèche est la question fondamental, ayant remplacée celle du temps qu’il fait par les anglais ; on note les positions, latitudes et longitudes mettant au défit notre anglais d’écolier, tous les accents du monde entiers se regroupent aux milieux de toutes ses ondes radios. Des codes se sont établis, ne ressemblant pas à une communication ordinaire entre deux téléphones, on commence par signaler le nom du bateau puis annoncer par 3 fois, le nom du voilier avec lequel on souhaite discuter, on reçoit dés lors un retour : Trifon for Kite Kite Kite….. yes Trifon, this is Kite, do you copie ? …… Roger, roger roger. Le combiner noir, nous sert à répondre, en n’ oubliant pas d ‘enclencher le commutateur. C’était l’internet d’autrefois, et c’est avec plaisir qu’on l’utilise tous les matins, entre petit-déjeuner et lever du soleil, découvrant nos nouveaux voisins journaliers, ravissant secrètement le skipper de les avoir devancé de quelques miles. 
Oublier le petit-déjeuner, pour se mordre la langue et attendre patiencement le repas du midi, il n’y a plus de céréales, on fait une overdose des biscuits ‘digestives’ qui se sont retrouvés en masses dans nos cales, surement la conséquence d’un manque de popularité. Mon père comble la faim avec la nicotine, enchainant bouffés sur bouffés, le vent lui joue des tours quelques fois, l’obligeant à rallumer sa meilleure amie ‘la malboro’. Ma mère s’est profondément immergée dans l’épopée russe, la guerre de napoléon sur les terres glacées de la toundra, narré par le brillant Tolstoï.  Clin d’œil du hasard, coïncidence océanique, il y a autant de pages contenus dans ses deux volumes que le nombre de miles à parcourir avant d’arriver à Hiva Oha, l’ile célèbre des marquises ayant offert l’inspiration à  Gauguin et Jacques Brel. J’ai faillit oublier l’histoire aromatisé des crêpes sur Trifon . « on mange quoi à midi ? » le frigo s’est dépuis longtemps séparé des produits frais, ennuyé des salades de lentilles avec mais et artichauds, on eu l’idée de faire des crèpes. Aux galapagos, ma mère avait eu l’envie compulsives d acheter 40 œufs, tu comprends Magali, on a toujours besoin d œufs, c’est la base de la cuisine sur un bateau, avec la farine et le lait.  Les plonger dans un saladier remplie d’eau, si un seul à le malheur de remonter respirer à la surface, il est bannit, pourri, il finira dans l’océan. Une 20 eme de crepes sont désormais cuites et attendent d’être habillées de jambon, fromage et d’œufs mais au moment de les faire cuir dans la poele, une odeur nous assaillit, un œuf pourri s’est glissé clandestinement mettant à bout les nerfs de ma mère. Au bout du 3 eme, le bateau se transforme en souffriere, les émanations sont tyraniques, on doit quitter la cuisine avant le malaise vagale. Certains membres de l’équipages ont prit cela avec humours, pas ma mère qui n avait plus du tout faim et soulagea son estomac avec une bouteille de coca. Les paquets de pates à crepes déjà préparés, ne demandant que 400 mil de lait, réconcilient tout le monde, il fallait bien finir sur une note sucré.

L’autre soir, j’ai suivit un cours de cuisine ayant pour objectif, la fabrication de pizza, sans utiliser le four, recette en exclusivité par George. C’est assez impressionnant, vu qu’on manque de gaz, grands consommateur de thé, le recours à la cuisson au four est devenue rare et demande une autorisation spécial comme le pain ou une quiche. Avec les « cat empires » faisant vibrer les bois de la cuisine, on mélangea 500 grammes de farines, pour 2 sachets de levures, des herbes de provences, de l’origan et une bonne pincée de sel puis 4 cuil à soupe d huile d’olive et 8 cueil d’eau douce à temperature ambiante. Apparition d’une pate à façonner avec plus ou moins d’eau, de la farine pour l’étaler sur votre plan de travail. Séparer en deux boules et former deux cercles de 10 cm de diametre sur 5 cm d’épaisseur. Verser de l’huile dans la poele et poser délicatement la premiere pate, qui va dorer 3 min de chaque cotés, voyant apparaitre une croute bronzée, signal qu’il faut la retourner. Une fois vos pates à pizza cuite, ajouter votre garniture ( sauce tomates, fromage, jambon, poivrons, anchois, champignon) et faire rechauffer quelques minutes au grill. Vous croquerez dans une pizza croustillante et moelleuse à l’intérieur, une ode à la joie au milieu du pacifique après avoir du subir pendant 5 mois, dans les caraïbes des pizzas sortant d’un carton frigorifié, au gout plastique !

Un dimanche particulier, profitant des derniers moments en plein océan.
Sur les bons conseils de George, on a dévié légèrement la recette des pizzas pour faire des namm bread, enroulant une saucisse. Hop le repas pour midi avec les mains pleines de farine, et rapides en plus. 14h, tout le monde fait bronzette sur le pont, chacun avec son livre, George et son fidele kiddle, la fin du tome 2 de Guerre et Paix et je commence un roman sur l’histoire de panama raconté par un colombie à l’humour sarcastique, révélant des années passés en Angleterre. Profitant du moteur, on comble le reste de l’après midi avec un film américain ‘max la menace ‘ très léger mais parfait avec notre état de fatigue et ma tentative ratée d’avoir joey hill sur l’iridium : trop de vent, le bruit infernal du moteur à l’intérieur, on se contentera des emails, son recepteur SSB est cassé, signifiant qu’il peut me parler pendant des heures sur une fréquence publique sans qu’il puisse entendre mes réponse. Mais j’aime écouter ses histoires, son accent canadien et sa façon de demander, Magali do you hear me ?
On allait commencer à demander des idées pour le repas quand ding ding, la canne à pèche venait de résoudre nos problèmes. Plutôt un gros poisson, celui là, avec la vitesse qu’il vida la bobine, il n’était vraiment pas content d’avoir croqué un faux calamar, contenant un double hameçon. Mon père sauta sur la plage arrière, cala sa canne dans l’écharpe en plastic lui enroulant le cou et descendant  sur le vent, lui assurant un support additionnel. A 5 metres du bateau, on vit dépasser un aileron, craignant l’arrivée d’un requin, j avisai mon père, qu’on mangeait pas les requins, c’était inutile de continuer, mais à force de mouliner, la taille du poisson grandit et nous fit la démonstration d’un saut enragé splendide, dévoilant son identité : un sail fish, ressemblant à un marlin, sa nageoire dorsale est aussi longue que son corps, déployée par un pivot d’arrete, cela ressemble il faut le reconnaitre à une voile bleu. Le combat entre l’animal et le chasseur fut dantesque, George posté avec la gaffe, calé dans le câble du pataras pour ne pas finir à l’eau, ils laisserent le poisson se fatiguer, s’épuisser et admettre qu’il avait perdu. Moment comique, retenir son corps longiligne, aussi glissant qu’un carré de savon, les chaussures avaient depuis longtemps abandonné leur qualité antidérapantes, il fallait donc  improviser sans risquer de se blesser. Massacre à la batte d’aluminium s’avérant d’une inefficacité effroyable, le laisser partir en paix en le saoulant de rhum, apaisant les mouvements compulsifs, reflexes nerveux qui cessèrent au final. Il y avait du sang partout, la jupe avait soudain attrapée la varicelle, les deux se sont fait surprendre par des giclés de sang. On découvrit par la suite, des petits poissons, utilisant les grands voyageurs des océans comme transports en communs en échange d’un lavage quotidien. Poisson pilote, mort sous le sail fish : Plutôt fidele dans le genre.
J’entrai en scene avec ma main cloquée et mon couteau de bouchere, pour m’amuser à découper la bète, mesurant plus 1m50, à la peau épaisse, remplis d’épines prenant plaisir à s’infilter dans votre peau. La chair était claire, blanche et souple. Sa colonne vertébrale assemblait des vertèbres aux dimensions grandioses, ne cédant pas au couteau de péche. Une heure plus tard, 5 kg de poissons frasi, coupé en filet reposés dans le frigidaire, heureux d’un nouvel arrivant.
Le coucher du soleil fut mémorable pour clore cette journée de chance, le sourire de mon père en proportion de la taille de son poisson, c’est le record de péche ! on sortit les appareils photos pour flasher le green flash, suspense avec la longue houle, l horizon parfaitement dégagé, plus qu’une seconde avant sa disparition et je vis la lumière verte, pour la premiere fois, aussi bien prononcé, ce n’était donc pas une légende. Les derniers soupirs du soleil avant d aller réveiller les australiens, sont verts. On se sentit heureux, chanceux, 23 ans que mon père attendait de le voir, ma mère dut rester dans la cuisine, se sacrifiant pour tenir les casseroles. On était prêt pour déguster son excellent curry parsemé de tranches d ananas.
Bilan : une traversée différente sur de nombreux aspects en comparaison de notre rally trans-atlantique. Les conditions météorologiques étaient condescendante, le vent s’est bonifié comme un vieux  bordeau, restant constant autour de 15 nd avec quelques dépassement occasionnels, nous offrant de jolies vagues. On a pu facilement tenir une moyenne de 7 nd, dépassant les 175 miles parcouru par jour, ravissant l’équipage, conscient que les 3 semaines prévues allées être écourtées. 3000 miles en 18 jours, 48 h de moteur pour la fin, en manquant de vent, on avança tranquillement sur la risée de diesel, pour tenir notre planning d arriver à hiva oha avant la nuit. Une fois la première semaine passé, les journées défilent trop rapidement, toujours conjuguées sur des évènements insolites qu’on se doit d’inscrire avant de les oublier. 

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